Postes Canada enregistre la plus grande perte de son histoire, les volumes de colis ayant chuté de 36 %

L’incertitude persistante sur le marché du travail provoque un exode des entreprises vers les transporteurs privés

Postes Canada a perdu 294 millions de dollars américains avant impôts au deuxième trimestre, soit la plus importante perte pour une période de trois mois dans l’histoire de l’entreprise, alors que les volumes de colis ont chuté dans le cadre d’un conflit contractuel prolongé avec les transporteurs de courrier qui a créé de l’incertitude pour les clients commerciaux.

Postes Canada a annoncé mardi une perte avant impôts de 323,7 millions de dollars au premier semestre, dont plus de 50 % est survenue en juin, lorsque les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes ont cessé de faire des heures supplémentaires et que la menace d’une grève persistait. Sur le plan opérationnel, Postes Canada a perdu 286 millions de dollars au deuxième trimestre, soit 44 % de plus que l’an dernier pour la même période, et 366 millions de dollars au premier semestre. 

Les revenus du secteur des colis ont chuté de 36,7 % au cours du trimestre, soit 208 millions de dollars, en raison d’une baisse de 25 millions d’articles (36,5 %), l’incertitude liée à la main-d’œuvre ayant poussé les expéditeurs à recourir à des transporteurs du secteur privé pour leurs livraisons. La baisse des volumes de colis s’est constamment aggravée depuis décembre, lorsque le gouvernement est intervenu pour mettre fin à une grève de 32 jours et a commandé une étude sur la situation de Postes Canada. Au premier semestre, le volume de colis a chuté de 31 % sur un an, ce qui a entraîné une baisse de 29,6 % des revenus du secteur des colis. 

Les revenus globaux ont chuté de 7,3 %, soit 104,8 millions de dollars, car l’amélioration des volumes du courrier ordinaire en raison des envois postaux ponctuels liés aux élections fédérales a contribué à compenser une partie de la baisse des colis. 

En 2024, Postes Canada a enregistré une perte de 611 millions de dollars – sa septième perte annuelle consécutive – presque entièrement au second semestre. Depuis 2018, la poste nationale a perdu 3 milliards de dollars, avec des pertes d’exploitation cumulées de 3,6 milliards de dollars. 

Postes Canada a déclaré que les revenus provenant du publipostage direct ont diminué de 7,5 % par rapport au deuxième trimestre de 2024, les entreprises cherchant à éviter la possibilité que des envois urgents soient bloqués dans le réseau postal en cas d’arrêt de travail.

Les coûts d’exploitation totaux ont diminué de près de 1 % au deuxième trimestre par rapport à l’année précédente, la baisse des volumes de colis ayant entraîné une baisse des coûts de collecte, de traitement et de livraison. Les coûts de main-d’œuvre ont augmenté malgré deux jours de paie en moins dans l’année, la réduction des effectifs de direction et l’interdiction des heures supplémentaires fin mai. 

État des négociations contractuelles 

Les facteurs et factrices du STTP ont rejeté catégoriquement l’offre finale de Postes Canada le 1er août, après l’intervention du gouvernement fédéral pour tenir un vote malgré l’objection des dirigeants syndicaux, qui n’avaient pas accepté les modalités. La négociation collective devait reprendre plus tôt ce mois-ci, mais elle a été reportée parce que les médiateurs fédéraux étaient occupés à tenter de résoudre un conflit entre Air Canada et les agents de bord, qui a donné lieu à une grève de trois jours. Postes Canada a annulé deux réunions la semaine dernière, dont une prévue lundi, car elle affirme avoir besoin de plus de temps pour examiner la nouvelle contre-offre du syndicat.

Les positions demeurent très éloignées sur la façon de moderniser le modèle de livraison de Postes Canada, alors que le courrier postal décline à l’ère d’Internet et que les expéditeurs se tournent vers d’autres transporteurs de colis. Postes Canada souhaite mettre en place un effectif flexible à temps partiel, la livraison les fins de semaine, la possibilité de répartir les charges entre les transporteurs selon les besoins et un acheminement dynamique, plutôt que de s’en tenir à des affectations prédéterminées.

Cette année, le Conseil canadien des relations industrielles a convenu avec l’entreprise publique que les règles de travail rigides prévues dans les conventions collectives précédentes ont rendu plus difficile la mise en œuvre de mesures d’efficacité.

Postes Canada a offert une augmentation de salaire de 13,6 % sur quatre ans, avec des ajustements améliorés en fonction de l’inflation.