
Intervention visant à contourner les dirigeants syndicaux alors que les négociations sont dans l’impasse
Postes Canada a demandé vendredi soir au gouvernement fédéral de tenir un vote auprès des facteurs syndiqués sur sa dernière proposition de contrat après que les dirigeants du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ont publiquement rejeté l’offre de la direction .
L’opérateur postal a exhorté le ministre de l’Emploi et de la Famille à demander au Conseil canadien des relations industrielles de tenir un vote sur l’offre finale soumise au syndicat mercredi. Cette demande de contourner l’équipe de négociation du syndicat suggère que Postes Canada estime que l’offre bénéficie d’un appui plus important parmi les membres de la base que le syndicat ne l’a indiqué.
Postes Canada a reconnu que les parties devraient idéalement élaborer elles-mêmes une convention collective sans recourir à l’arbitrage d’un tiers. Cependant, « compte tenu de l’impasse et de la position de négociation du STTP, il est impossible de parvenir à des ententes de principe dans le cours normal des choses », a-t-elle déclaré dans un communiqué expliquant la nécessité de recourir à l’administration d’un vote par un tiers. « Nous croyons que le meilleur espoir de parvenir à des conventions collectives librement négociées réside dans un vote des employés administré par le CCRI en vertu du droit du travail canadien. Dans ces circonstances, les employés de chaque unité de négociation auraient la possibilité d’exprimer leur décision en votant sur les offres finales de Postes Canada. »
Les parties négocient depuis novembre 2023, mais sont loin d’avoir trouvé une entente malgré des mois de conciliation et de médiation de la part du gouvernement. Postes Canada réclame des réformes structurelles et une flexibilité opérationnelle pour faire face à la forte baisse des envois de lettres et de colis. Le STTP réclame une augmentation salariale substantielle tout en s’opposant aux changements apportés à l’affectation des facteurs aux itinéraires et au recours aux travailleurs à temps partiel.
Les facteurs représentés par le syndicat ont été en grève pendant près de cinq semaines à la fin de l’année dernière, période durant laquelle le courrier et les colis n’ont pas été traités ni livrés, et les bureaux de poste ont été fermés. Le ministre du Travail est intervenu et a ordonné aux membres du syndicat de retourner au travail le 17 décembre, les modalités de la convention collective en vigueur étant prolongées jusqu’au 22 mai, le temps qu’une commission évalue le conflit de travail et les défis auxquels Postes Canada est confrontée.
Le STTP a renoncé à sa menace de déclencher une grève vendredi dernier, optant plutôt pour une interdiction nationale du travail supplémentaire pendant qu’il examinait une autre offre de Postes Canada.
La dernière proposition reprend les recommandations de la Commission d’enquête sur les relations de travail, comme les quarts de fin de semaine à temps partiel et le nivellement des charges entre les itinéraires. L’opérateur postal a accusé le STTP d’intransigeance, affirmant que sa position « demeure totalement en contradiction avec les conclusions et recommandations de la Commission d’enquête sur les relations de travail. De plus, le STTP a récemment retiré son accord de principe sur des points clés conclu plus tôt cette année. »
Postes Canada a déclaré mercredi que la grève de 32 jours de l’année dernière était responsable d’un quart de sa perte avant impôts de 611 millions de dollars et que le spectre d’une autre grève avait entraîné une baisse des volumes de colis de deux tiers à la fin du mois de mai par rapport à l’année précédente.